Pergola, potager et marché

14/05/2023

6è chantier du nom ! Un chantier encore davantage placé sous le signe de l'intergénérationnel que le précédent ! Je le rabâche, car certes, en théorie, l'âge ça ne veut rien dire, mais on ne peut ignorer que ce chiffre reste la première inquiétude des participant.es qui dépassent la quarantaine et me contactent pour être de la partie. Je profite d'ailleurs de cet article pour militer pour l'ouverture aux chantiers à toutes les classes d'âge et m'insurger contre les organisateur.ices qui, aux dires de personnes ayant dépassé l'âge "de l'efficacité", refusent les wwoofeur.ses considérés trop vieux et vieilles pour contenter leur barème de productivité. Vieux et vieilles proclamés et autoproclamés, nul besoin à la Tourelle de vendre vos compétences pour justifier votre présence et gloire à toutes les années de naissance comprises entre 1900 et 2020 ! Voilà, ça, c'est dit.

Côté programme cette fois-ci.
Tout d'abord, le gros chantier du chantier, le plus visible, le plus monumental, le plus technique... j'ai nommé : la pergola !

Pourquoi donc une deuxième pergola ? Pour accueillir confortablement, à l'ombre, les grandes tablées qui s'annoncent nombreuses au sein d'un lieu familial et participatif comme le nôtre. Après les découpes, le ponçage, le montage et le lasurage, le tout sous le regard expert et la voix pédagogue de Didier, voilà le travail !
(nostra culpa : la prochaine fois, on optera pour une lasure naturelle, car celle-ci était bien trop chimique et ne sert en réalité qu'à garder la couleur originelle du bois. Un bois grisé par le temps ne nous aurait pas dérangés !)

Mais si la pergola a été notre chantier phare, la remise en route du potager représente chaque année un chantier énorme, d'autant plus que je n'étais pas là pour l'entretenir au printemps cette année.

Nous sommes donc partis de ça...
Nous sommes donc partis de ça...
... pour arriver à ça !
... pour arriver à ça !

Cette année, la grosse probématique que j'avais envie de traiter au potager, c'est l'enherbement des planches depuis les allées. Avoir des planches bien délimitées, cela facilite l'entretien et la bonne surveillance de ce qui se passe dans un espace bien défini. L'été dernier, nous avions enterré à moitié de vieilles tuiles pour faire une bordure sur la première terrasse et cela a assez bien fonctionné (en plus d'être très joli !) mais les tuiles ont tendance à être fragiles et à laisser des adventices s'infiltrer entre elles. Et puis, nous n'avons pas assez de tuiles pour encadrer tout notre potager... Une solution s'est imposée à moi au cours du chantier : pailler les allées avec les résidus d'un tronc pourri que nous avons haché menu pendant le chantier pour libérer de l'espace près du parking. J'avais vu des maraîcher.es pailler avec du BRF ou de la paille (qui a l'inconvénient de glisser) et l'avantage de couvrir ses allées, c'est qu'elles constituent ensuite un corridor bien protégé pour la faune du sol, qui peut ainsi vaquer de planche en planche, et qu'au bout de quelques années, elles fournissent un terreau précieux. Doublé d'un bon paillage en bord de planche, on arrive assez bien à limiter l'enherbement depuis les zones enherbées. Voilà ma petite révolution perma de ce chantier !

Dans la famille potager, je demande la flexserre !
Chaque année, c'est le même rituel : rangement de la flexserre en fin d'automne, paillage de l'emplacement du printemps prochain, installation au printemps. Nous essayons d'alterner chaque année pour nous débarrasser des possibles restes de maladies fongiques (mildiou et oïdium principalement) et laisser le sol se recharger en semant un engrais vert dessus en fin de saison, puis en le couvrant pour préparer le sol aux futures plantations. Cette année, un petit couac de communication a fait réatterrir la flex au même endroit que l'an dernier et nous avons donc profité du chantier pour cartonner l'autre emplacement en prévision de l'an prochain ; j'y sèmerai des fleurs cet été pour les abeilles et le plaisir des yeux, puis un engrais vert.
Après la délicate entreprise de bâchage (qui aura donné lieu à un petit atelier nœuds !), passage de grelinette obligatoire avant la plantation des tomates, aubergines, concombre, melons, physalis, basilics, poivrons et piments règlementaires sous serre. Paillage entièrement local, puisque composé de la tonte de la semaine. Depuis ma récente formation en agroécologie axée autour du sol vivant, j'essaye au maximum de composter sur place et de pailler avec des produits azotés (frais et verts). Mais attention dans ce cas à ne pas trop pailler d'un seul coup, car le compostage dégage une chaleur qui peut tuer les jeunes plants et les matériaux azotés peuvent engendrer une faim d'azote (phénomène complexe, dont la conséquence est un manque d'azote pour la plante, l'azote du paillis étant tout d'abord récupéré par les micro-organismes du sol). L'avantage de cette pratique est de récupérer l'humidité initiale du paillis et de ne pas perdre certains nutriments qui sont lessivés lors du compostage.

Ensuite, côté récup' bricole, on a refait des meubles en palettes en préparation de l'accueil d'un marché de producteurs à la Tourelle ! Initiative de Lucie soutenue par une asso locale, le Marché d'la Tourelle a d'ailleurs bien eu lieu le jeudi 1er juin, sous un format festif qui a attiré plus de 200 personnes et une dizaine de stands. Le lieu est effectivement taillé pour accueillir des événements de ce genre et ce marché nous l'aura prouvé ! À reproduire et faire perdurer !

Ce marché aura d'ailleurs été l'occasion d'élargir l'espace parking en faisant de la manutention de palettes de pavés (mais oui, on s'amuse à ce chantier !) et de gravats fraîchement découverts sous les ronces qui descendent devant l'annexe. Tant de gravats que 3 allers-retours à la déchetterie n'ont pas suffi et que l'on soupçonne un bouleversement important du relief de ce spot si l'on s'acharne un peu trop à déterrer tout ce qui dépasse... On se souviendra tout de même des entraînements au maniement de la remorque qui auront fini en fumée pour l'embrayage de mon van...!! J'en souris (un peu) aujourd'hui, il y a du mieux !
La préparation du marché aura aussi débouché sur un atelier land art du plus bel effet : une porte végétale qui donne une entrée féérique au cercle arboré du jardin.

Enfin, une petite galerie photo pour célébrer tous les petits chantiers qui ont émaillé ce grand chantier de deux semaines. Un immense merci à tous.tes les participant.es qui sont venus une fois encore donner du sens à ce lieu et le faire vibrer de nouveaux souvenirs et moments partagés. Cette aventure serait plus fade sans tous les échanges que permettent ces chantiers et en tant qu'animatrice principale, je m'efforce de tirer des leçons de chaque épisode pour être capable d'adapter au mieux le format aux personnes qui viennent et en fonction de ce qu'elles recherchent.
Bonne suite à tous.tes et à bientôt pour de nouvelles aventures !